Milieux aquatiques
L’état de lieux du district réalisé en 2006 et mis à jour en 2013 puis en 2019 a permis d’évaluer les pressions et impacts sur les milieux aquatiques, à partir des différents usages de l’eau . Les pressions peuvent être regroupées par type (pression industrielle, agricole, domestique…), et sont qualitatives (rejets polluants, destruction du milieu) ou quantitatives (prélèvements).
Le territoire guyanais se caractérise par une répartition de la population très hétérogène. La grande majorité de la population se situe sur le littoral.
Aussi, les pressions liées à la présence humaine (assainissement, prélèvement d’eau…) sont principalement situées sur cette zone et concernent ainsi, en grande partie, les masses d’eau de transition (estuaires), la masse d’eau côtière, et les masses d’eau cours d’eau les plus en aval.
L’activité d’orpaillage n’est pas liée à la répartition de la population et se situe essentiellement sur la partie centrale de la Guyane. Si l’on se réfère au nombre de masses d’eau touchées, c’est la principale pression sur les cours d’eau pour l’ensemble de la Guyane.
De manière générale, l’extraction aurifère a plusieurs types d’impact sur les masses d’eau :
- Un impact sur la morphologie du cours d’eau lorsque celui-ci est dérivé : cet impact direct est particulièrement fort mais il reste « localisé » au site d’extraction. Ce type de dérivation pourrait aussi avoir un impact négatif et indirect sur l’aval immédiat des cours d’eau détournés, mais aucune donnée ne permet, à ce jour, de quantifier ce type d’impact ;
- Un impact sur la qualité de l’eau et des habitats en aval par apport important de matières en suspension. Le sol étant déstructuré par jet d’eau lors de l’extraction, un flux important de matières en suspension est apporté à la masse d’eau. Sur les sites d’orpaillage légal, ce flux est limité par la mise en place de bassins de décantation. En raison de la structure du sol du bouclier guyanais, les matières mises en suspension décantent difficilement, l’impact d’un site peut, de ce fait, être perceptible sur plusieurs kilomètres ;
- Un impact chimique par l’apport de mercure : l’agglomération de l’or se faisait jusqu’à maintenant à l’aide du mercure, celui-ci est ensuite en partie rejeté dans le cours d’eau. Le mercure est interdit pour l’extraction de l’or depuis le 1er janvier 2006 et cette interdiction est suivie par les industriels légaux, mais les orpailleurs illégaux continuent à utiliser celui-ci sur leurs exploitations. De plus, le sol de Guyane étant naturellement chargé en mercure, sa déstructuration lors de l’extraction peut conduire à la remise en suspension cet élément ;
- De possibles rejets d’hydrocarbures, utilisés pour le fonctionnement des engins mécaniques, dans le milieu environnant.
Concernant les exploitations de gisements primaires, l'impact s'apparente à celui d'une carrière de moyenne importance (extractions à ciel ouvert).
En dehors de l’extraction aurifère, la Guyane est peu soumise aux rejets industriels.
Les émissions de substances par les sites industriels sont calculées à l'échelle du district dans l'Inventaire des émissions, rejets et pertes de substances.
Les carrières constituent les principales activités industrielles recensées comme ayant un impact significatif. Les impacts mis en évidence sont fonction du type de matériau exploité et de la capacité des carrières. Par ailleurs l'extraction en lit mineur reste pratiquée dans les communes de l'intérieur, pour répondre aux besoins en matériau.
Ces prélèvements peuvent entraîner un surcreusement du lit, réduire la stabilité des berges, et affecter la piézométrie de la nappe. Les impacts sur les masses d'eau sont variables selon le site. Les embouchures du Mahury, de la Mana et du Maroni sont parmi les plus concernés.
L’agriculture représente une source polluante des cours d’eau non négligeable à cause des produits phytosanitaires (insecticides, pesticides, fongicides…) ou encore des fertilisants (engrais chimiques, effluents d’élevage…) qui y sont répandus. Ces produits peuvent alors être, lors de fortes pluies, entraînés suite au lessivage du sol. Ces pressions s'exercent sur les eaux de surface et potentiellement sur les eaux souterraines au droit des zones de culture et d'élevage.
L'activité agricole impacte également les masses d'eau par une modification de l'occupation du sol : le remplacement de la forêt pour développer des cultures peut avoir des conséquences hydro-morphologiques sur les cours d'eau :
- Hausse de la température des cours d'eau, par diminution de l'ombrage de la forêt,
- Augmentation de la turbidité et de la teneur en MES dans les cours d'eau, liée au lessivage des sols, aces des effets sur l'ichtyofaune et les invertébrés,
- Modification des débits (prélèvements plus élevés pour l'irrigation, ruissellement plus important),
- Modification du cours d'eau par rectification
Une pression domestique est exercée par les rejets d’eaux usées et les déchets. Elle est significative aux abords des secteurs urbanisés, donc plutôt en aval des bassins versants. On constate un problème généralisé de non-conformité des rejets d'eaux usées aux normes d'abaissement de la charge polluante.
Les tendances suivantes apparaissent dans la plupart des cas :
- Une charge hydraulique excédentaire et sans lien avec la charge organique, due à des infiltrations importantes d'eaux claires parasites. Ce phénomène est révélateur du mauvais état des réseaux de collecte, bien que le climat humide ait naturellement tendance à favoriser les infiltrations ;
- Une charge organique élevée en entrée, qui révèle un problème de sous-dimensionnement ;
- Un abaissement insuffisant de la pollution : cela s'explique à la fois par l'excédent d'eaux claires parasites, par le sous-dimensionnement des installations, et par leur mauvais état. Les contrôles révèlent un défaut d'entretien sur beaucoup de stations.
L'assainissement individuel est lui aussi peu performant et non conforme : les effluents bruts sont ainsi transmis directement ou presque dans le milieu naturel.
Les pressions sur les masses d'eau sont significatives, principalement sur les eaux littorales, à l'exutoire des principales agglomérations : Cayenne, Kourou, Saint-Laurent-du-Maroni et Apatou.
Les décharges sont des lieux d'émission de substances toxiques importantes. Les fleuves du Maroni et de l'Oyapock sont concernés par la problématique des macro-déchets. Ils peuvent s'accumuler et constituer des obstacles à l'écoulement ou à la navigation, être ingérés par la faune et nuire à la biodiversité ou encore se retrouver dans le milieu marin.
Les prélèvements d’eau de surface en Guyane ont essentiellement pour vocation l’alimentation en eau potable des populations. Aussi, ces prélèvements sont situés sur les secteurs habités (frange littorale et le long des deux principaux cours d’eau : le Maroni et l’Oyapock).
A l'échelle du district, 17 Millions de m3 sont prélevés chaque année pour la production d'eau potable. Toutefois, au regard des volumes mensuels écoulés, ces prélèvements n'engendrent pas de pression significative, ni sur les eaux souterraines, ni sur les eaux de surface.
Concernant le dragage, effectué dans les chenaux d’accès aux ports maritimes, ses effets sur les masses d’eau sont de natures diverses. On note parmi celles-ci la remise en suspension de fines particules pouvant augmenter la turbidité de l’eau et réduire ainsi la photosynthèse. Cet effet est à relativiser cependant, les estuaires de Guyane étant déjà extrêmement chargés en matières en suspension. Les bonnes qualités chimiques et bactériologiques des sédiments dragués minimisent la remise en suspension de polluants qui auraient sédimenté. En revanche, les activités de dragage ont un impact sur la faune benthique
La pêche constitue quant à elle une pression sur les masses d’eau difficilement quantifiable.
Aujourd'hui la pérennité de la richesse piscicole est mal connue. Des menaces sur certaines communautés piscicoles, dues à une surpêche localisée, sont soupçonnées mais mal appréhendées. Le manque de connaissances de la biologie des espèces (habitat, reproduction, ....) ne permet pas aujourd'hui de gérer durablement la ressource.
Concernant la pêche côtière, A la vue de l'importance de l'activité et des variations des tonnages débarqués, la pression de la pêche sur la masse d'eau côtière et les masses d'eau de transition est considérée comme significative.
Pour certaines espèces, l'impact peut être considéré comme faible. De manière générale, l'impact de la pêche sur les masses d'eau côtière et de transition reste indéterminé.
Des molécules liées à des combustions d'hydrocarbures sont retrouvées dans les masses d'eau. Elles peuvent être liées à l'importance de la navigation, mais elles ne sont pas exclusives d'autres activités à l'origine de ces mêmes molécules (production électrique thermique, abattis...).
Le RNABE est le Risque de Non Atteinte du Bon Etat des Eaux. Il est déterminé à partir des pressions et impacts exercés sur les masses d’eau, et des tendances d’évolution, afin d’évaluer les capacités à répondre à l’objectif fixé par la DCE d’atteindre le bon état des eaux, initialement en 2015. Le RNABE, combiné aux actions prévues dans le programme de mesures, a conduit à la définition des objectifs du SDAGE 2010-2015.
Ce risque a été réévalué lors de la révision de l'état des lieux en 2013. Désormais intitulé RNAOE (Risque ne Non Atteinte des Objectifs Environnementaux), il traduit les capacités à répondre aux objectifs à l'horizon 2021.
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